Bonjour chères lectrices, bonjour chers lecteurs. J’espère que tout le monde va bien. Il y a quelques temps, je vous avais expliqué comment les charlatans s’y prenaient pour réaliser des analyses psychologiques criantes de vérité en un coup d’oeil grâce à l’effet Barnum. J’espère avoir démontré qu’il y a arnaque sous roche, et que les tests des magazines ne sont que platitudes et banalités.

Toutefois, cet article n’était qu’un avant goût de ce qui va suivre, car l’effet Barnum n’est qu’une des techniques utilisées par les diseuses de bonne aventure pour soutirer de l’argent à leurs naïves victimes.

La technique complète que je vais vous expliquer se nomme le cold reading, ou lecture à froid en bon français. On parle de lecture à froid lorsqu’on procède sans connaître d’informations au préalable sur la victime. Dans le cas contraire, on parlera de hot reading. Une fois que vous aurez parcouru ce billet, vous comprendrez comment s’y prennent les voyants pour sembler lire dans vos pensées et prédire votre avenir.

Un peu d’éthique

Attention aux charlatans. Il faut savoir que le cold reading est une technique qui n’est pas magique, mais qui n’en reste pas moins trés puissante, et peut fortement impressionner.

Certaines personnes l’emploient pour distraire leur prochain, et utilisent leur art dans un but spectaculaire et amusant. Ils ne profitent pas de la naïveté de la personne en face d’eux, et l’aident même parfois à résoudre ses problèmes, en l’écoutant plus qu’autre chose. Il n’y a alors pas de mal.

D’autres, en revanche, n’ont pas de scrupules, prétendent disposer de super-pouvoirs, et abusent de personnes parfois sans défenses pour leur soutirer d’importantes sommes d’argent.

Autant dire que ces personnes doivent être évitées à tout prix. C’est pour ça qu’il est bon de connaître leur technique pour les démystifier. Aussi, si vous connaissez des gens naïfs qui dépensent de l’argent chez les diseurs de bonne aventure, n’hésitez pas à faire lire cet article, vous leur rendrez service (et vous me ferez de la pub :) ).

Ceci étant dit, êtes vous prêt à pénétrer dans le monde de la voyance et de la bonne aventure ? Nous commencerons pas parler des prérequis nécessaire à une bonne lecture. Ensuite, nous étudierons la technique proprement dite. Suivez le guide.

Batir une relation, établir l’atmosphère

smoke swirls
Creative Commons License Crédit photo : Cheekybikerboy

Dans le processus de cold-reading, c’est en fait le sujet lu qui fait tout le travail1 : une bonne lecture ne peut se dérouler sans un totale implication de sa part. Il est nécessaire que le sujet soit confiant vis-à-vis des capactités « extra-lucides » du lecteur, c’est donc à celui-ci d’instaurer la relation nécessaire, et d’acquérir le prestige qui lui permettra de faire son travail.

Pour ce faire, la plupart des lecteurs adoptent un rôle en fonction de leur physique, qui leur permettra de paraître extravagant, ou au moins différent, sans pour autant avoir l’air menaçant. C’est le cliché de la fameuse « madame Irma ».

Les lecteurs auront également intérêt à travailler dans un environnement dédié, théâtralisé, qui saura plonger le sujet dans une ambiance mystérieuse, voire mystique (une roulotte pleine de fumée, par exemple). Ils utiliseront parfois des accessoires (boule de crystal, cartes de tarot, lignes de la main). Ces accessoires participent à l’ambiance, et permettent certains échappatoires. Un lecteur qui réfléchit fera mine d’observer sa boule de crystal.

L’autre avantage de certains accessoires, c’est qu’ils permettent d’orienter la recherche immédiatement, avec des questions comme « Vous préférez que je commence par la ligne de coeur, ou la ligne de richesse ? »

Bref, rappelez vous qu’il est vital d’obtenir l’adhésion totale du sujet avant de commencer. Les sceptiques aggressifs sont les pires sujets, mieux vaut alors tout arrêter.

Vos statistiques sur le bout des doigts

Un bon lecteur à froid se doit de connaître sur le bout des doigts ses… statistiques ! En effet, au cours de la lecture, vous aurez parfois à lancer des prédictions « au pif ». Vous aurez beaucoup plus de chances de viser juste si votre prédiction colle aux stats.

Hum… Je vois une femme. Je vois son nom. Il commence par un N. Nadia. Non, Nathalie !

Hum, voilà un voyant qui ne se mouille pas trop, dans la mesure ou nathalie fait partie des prénoms les plus utilisés dans les années 1960. Allez, levez la main, ceux d’entre vous qui ne connaissent pas au moins une Nathalie ?

Vous aurez compris l’intérêt d’intégrer toutes les données, qui portent sur le mariage, le divorce, la vie de famille, la paternité, la santé, les animaux familiers, les prénoms populaires par année, l’emploi, l’habitat, l’éducation, l’espérance de vie, bref ! Tout ce qui touche à la vie courante.

Ainsi, il vous sera bien utile de savoir que beaucoup de prénoms féminins commencent par un M ou un L, ou que 70% des travailleurs utilisent des ordinateurs.

L’INSEE, L’Institut national de la statistique et des études économiques est votre amie. Et oui, il va falloir potasser. Vous avez entendu dire que la voyance s’apprenait sans effort ?

Un sens de l’observation à tout épreuve

Un bon diseur de bonne aventure se doit de posséder un sens de l’observation à toute épreuve. Il est possible d’obtenir énormément d’informations sur une personne simplement à partir de son apparence.

En quelques secondes, vous devez être capable d’obtenir son âge, sa catégorie socio-professionelle, son appartenance ethnique, son éducation, son statut marital, ses passions, son style de vie, sa religion, son état d’esprit, la hauteur de son salaire, et j’en passe. Les meilleurs lecteurs à froid sont de véritables profilers. Ces informations seront utilisées plus tard, pour orienter la lecture.

Voici quelques éléments à considérer :

  • Les bijoux sont trés révélateurs. Une alliance révelera le statut marital facilement. Une belle bague au doigt d’une jeune femme indique qu’elle est probablement en couple, et vous pouvez estimer ses revenus en fonction du prix de la bague. Certains anneaux ou colliers ont des significations particulières (affiliation, clubs, métier, religion, etc.). Un anneau à l’oreille d’un homme peut signifier qu’il veut paraître plus jeune, ou qu’il est attentif à son apparence. Une montre peut être révelatrice (sportive, chère, digitale ou à aiguille, grosse ou petite, etc.) Une absence totale de bijoux est également significative (personalité introvertie, ou « libérée »)
  • Les vêtements sont également riches en informations. La provenance des vêtements donne une idée du niveau de revenu de la personne. Est-elle décontractée ? Sportive ? Travaille-t-elle dans un bureau ? Est-elle en relation avec des clients ? Est-elle introvertie ou extravertie ? Quelle image veut-elle donner d’elle ? Autant d’informations disponibles.
  • Les accessoires : La personne a-t-elle un portable autour du coup ? Cela pourrait indiquer un besoin de rester connecté aux autres. Une malette en cuir ? Peut-être travaille-t-elle dans un bureau ? Un sac à main à la mode ? Une canne ou des béquilles ? Un sac Fnac ? Des lunettes vieillotes ou au contraire « fashion » ? À vous de déduire ce qu’il y a derrière.
  • Il est important de vous faire une idée assez précise de l’âge de la personne, car les intérêts et les expériences varient au fil du temps (voir plus loin). Une personne qui fait plus jeune que son âge sera trahie par ses pattes d’oies. À l’inverse, certains modes de vies pas trés sains font vieillir avant l’âge.
  • La beauté de la personne, même si le critère est subjectif, donnera des informations précieuses. Les trés belles femmes, par exemples, intimident les hommes, et sont vues comme des menaces par leurs congénères. Elles regrettent de ne pas être appréciées pour leurs autres qualités. Les gens au physique ingrat ont souvent des relations plus difficile.
  • Une personne à l’élocution fluide, au vocabulaire riche a sans doute reçu une bonne éducation, et touche un bon salaire. À l’inverse, une élocution difficile peut signifier de plus faibles facultés intellectuelles, une condition plus difficile, et des soucis d’argent.
  • La taille, le poids, la musculature permettent d’avoir une idée du style de vie de la personne. Est-elle sportive ou pas ? Les gens plus petits ou plus gros que la moyenne en souffrent généralement. Les gens d’allure sportive ont généralement un mode de vie sain, et des revenus confortables.
  • Vous pourrez découvrir quelle image se fait la personne d’elle même en observant son allure, sa toilette. Ses cheveux sont-ils bien coupés ? Est-elle rasée de près ? Du noir sous les ongles ? Elle doit surement travailler manuellement, à l’usine ou dans son jardin ? Des cals sur les paumes ? Travail manuel, c’est sûr. Les cheveux trés courts pour un homme ? Peut-être est-il policier ou pompier ? Des cheveux longs ? Peut-être est-il enseignant, musicien, artiste, etc. ?

En fait, il y a tellement de choses qu’on peut déduire de l’apparence d’une personne qu’il faudrait un livre entier pour tout expliquer. Ensuite, prenez bien en compte qu’il ne s’agit encore que de supposition, d’hypothèses probables, d’indices. Aucun certitude n’est encore possible. Il ne s’agit que d’orienter la lecture.

Être fin psychologue

The eye of the beholder
Creative Commons License Crédit photo : Emmanuele Contini

Vous êtes observateur ? C’est bien. Mais il vous faudra d’autres talents pour devenir diseur de bonne aventure. Notamment, un don pour la psychologie. Car si nous sommes tous différents, nous n’en appartenons pas moins à la même espèce, et nous fonctionnons tous plus ou moins de la même façon.

Vous n’avez pas les moyens de faire remplir à votre patient un test de personalité (ça ne ferait pas trés serieux). Il vous faudra donc être malin et avisé pour pénétrer dans son esprit, et vous imprégner de sa personalité.

Carl Jung, un psychiatre suisse, a effectué des travaux importants sur les types psychologiques. Selon sa théorie, notre personalité est déterminée par 4 fonctions (pensée, sentiment, intuition, sensation), et deux attitudes (introversion, extraversion). L’introverti est celui qui tire son énergie de son monde intérieur, d’où une tendance à la solitude et la contemplation. L’extraverti tire son énergie du monde extérieur, d’où une tendance a être plus liant et expansif. Bien entendu, il ne s’agit que de tendances. Ainsi, une personne pourrait être 25% extravertie et 75% introvertie.

Plus tard, Myers et Briggs, reprenant les travaux de Jung, établiront une nouvelle échelle, le MBTI (Myers Biggs Type Indicator), qui est encore trés utilisée de nos jours pour établir des profils psychologiques.

Le MBTI défini trois échelles en plus de l’Introversion – extraversion que nous venons de voir :

  • E = Extraversion <-> I = Introversion : orientation de l’énergie
  • S = Sensation <-> N = iNtuition : définit la manière dont on recueille l’information, intuitivement ou au travers de ses sens
  • T = Thinking (pensée) <-> F = Feeling (sensation) : comment prend-on ses décisions, rationnellement, ou au « feeling »
  • J = Judgement (jugement) <-> P = Perception : définit le mode d’action, la manière dont on est connecté au monde extérieur.

En déterminant dans quelle case se trouve plus ou moins (il ne s’agit toujours que de tendances) votre sujet, vous obtiendrez une aide précieuse pour comprendre de quelle manière il se perçoit, comment il batit sa relation au monde. Bref, vous aurez une bonne idée de ce à quoi peut ressembler sa vie.

L’échelle Introversion – Extraversion est sans doute celle qui vous aidera le plus. Les personnes introverties ont tendance à préferer la solitude à la foule, ont quelques amis de longue date et des activités telle que la lecture, ou passent beaucoup de temps devant leur ordinateur, et se sentent fatigués après quelques échanges sociaux.

Les extravertis préférent les activités communautaires, ont un réseau de connaissances étendu, le contact plus facile, et se sentent seuls et fatigués en cas d’activités solitaires.

Nous ne sommes pas objectifs sur nous mêmes

La classification, c’est bien, mais c’est fastidieux. Pour gagner du temps, vous devez savoir qu’en fait, la plupart des gens ont une opinion trés favorable d’eux même, et s’attribuent toutes les qualités du monde. Si on leur demande, la plupart des gens penseront (même s’ils ne le disent pas) qu’ils sont loin d’être bêtes, sympas, qu’ils ont une bonne faculté pour résoudre les problèmes, qu’on peut leur faire confiance, qu’ils sont honnêtes, capable de fournir beaucoup d’efforts et de travailler dur, observateurs et doués pour juger de la nature humaine, trés sociables et que leur présence est recherchée.

Le sexe de votre sujet influe sur la manière dont il se perçoit. Si c’est une femme, elle sera enchantée si vous lui dites qu’elle est trés attentive aux besoins et sentiments des autres, a une bonne compréhension de la nature humaine, fait souvent passer les besoins des autres (surtout ceux de sa famille et ses proches) avant les siens. Elle ne pourra qu’acquiéscer si vous lui faites remarquer qu’elle n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur, tire une grande satisfaction en aidant les autres, et est trés intuitive.

Si c’est un homme, vous obtiendrez son adhésion en lui disant qu’il est confiant, objectif, logique, que dans une certaine mesure, il respecte toujours ses décisions et ses principes, que si il veut vraiment résoudre un problème, il y parviendra, et qu’il est attirant pour les femmes.

Enfin, vous ne vous mouillerez pas trop en devinant que votre sujet n’aime pas agir sans raison ni comprendre ce qu’il fait, n’aime pas le changement sans bénéfices évidents, et n’apprécie pas d’être manipulé ou contrôlé par d’autres.

Les phases de la vie

Old woman with a photo
Creative Commons License Crédit photo : kk+

En plus des points mentionnés plus haut, vous devez savoir qu’un autre élément important influe sur nos vies : notre âge. Nos envies, nos rêves, nos aspirations, notre expérience ne sont pas les mêmes à 20, 40 ou 60ans.

Même si chaque vie est unique, nous traversons tous plus ou moins les mêmes phases, et des crises spécifiques surviennent à des âges plus ou moins similaires (la crise d’adolescence, la crise de la quarantaine, ça vous dit quelque chose ?). Il est bon de connaître ces phases. Ainsi, comme vous aurez réussi à évaluer l’âge de votre sujet, vous obtiendrez un indice de plus sur ce que peuvent être ses interrogations et ses doutes.

Vers 20 ans, le jeune est en quête d’indépendance, et cherche à prendre sa place dans le monde des adultes en s’éloignant de ses parents, physiquement et émotionnellement.

De 22 à 30 ans, notre sujet cherchera à prendre sa place dans le monde, et comment accomplir ses rêves.

La période de la trentaine est généralement une phase de remise en questions de ses choix. Les célibataires ressentent le besoin de se caser, ceux en couple ont des envies de libertés. L’existence devient plus structurée (achat d’une maison, etc), la carrière décolle, etc.

35~45ans est une période de transition : les gens découvrent qu’ils entrent dans la deuxième moitié de leur vie. La santé décroit, le corps n’est plus ce qu’il était. Une importante crise d’identité se prépare : les rôles stéréotypés (mari / femme, employé) ne suffisent plus pour définir qui on est. Pour les célibataires sans enfants, une certaine « sensation de la dernière chance » apparait (surtout chez les femmes).

Après 45 ~ 50 ans, la vie tend à se stabiliser. Un renouveau apparait, les enfants s’en vont, les problèmes d’identité sont a peu près résolus.

Et maintenant, la technique

Tout ce que vous avez lu jusqu’à maintenant n’était en quelque sorte q’une introduction2. Maintenant, nous allons aborder la technique du cold reading à proprement parler.

Pour une session réussie de cold reading, vous devez vous poser deux questions :

  1. Quel est le problème du sujet ?
  2. Comment puis-je le rassurer ?

Les gens qui consultent les voyants et diseurs de bonne aventure le font généralement parce qu’ils ont un problème, et veulent savoir ce que l’avenir va leur apporter. Ils ont besoin d’être écoutés, et rassurés. Comme vous n’êtes pas devin (vous vous souvenez ? Personne ne peut lire l’avenir), votre travail se bornera à prédire tout le bonheur et la prospérité du monde. C’est tout ? C’est tout.

Jamais, jamais, jamais un diseur de bonne aventure de vous prédira un divorce, un accident, le malheur ou la solitude. Ce n’est pas ce que les gens veulent entendre. Ils veulent qu’on leur dise que oui, ils rencontreront l’âme soeur. Oui, leur problème de santé finira par se régler. Oui, ils gagneront de l’argent. Oui, ils parviendront à rembourser leurs dettes. Oui, leur enfant réussira son concours. Etc.

Mais s’il veut connaître l’avenir, votre sujet, lui, connait déjà son passé et son présent. Si vous voulez qu’il soit content de vous et que vos prédictions aient de la crédibilité, il va falloir lui prouver que vous aussi, vous pouvez lire son passé et deviner comment il en est arrivé là.

Une session se déroule donc en trois phases. D’abord, vous devez mettre votre sujet en confiance et lui prouver vos dons. Pour ça, vous utiliserez les informations déjà recueillies. Quand il se prend au jeu, vous allez pouvoir commencer à deviner quel est son centre d’intérêt principal. Quand vous aurez posé le doigt dessus, vous entamerez la dernière phase, qui consiste à rassurer votre sujet en lui prédisant tout un tas de bonnes choses.

La première phase est assez simple : il suffit de flatter le sujet en utilisant l’effet barnum. Relisez l’article, ça devrait être une formalité.

La deuxième phase est la plus importante. Vous allez interagir (j’insiste) avec le sujet, pour l’amener à s’ouvrir et à vous donner les informations dont vous avez besoin. Car plus le sujet aura l’impression que vous en savez long sur lui, plus il sera susceptible de vous divulguer d’autres informations.

Pour cela, vous allez utiliser principalement deux techniques :

  1. Le shotgunning (ou tir au fusil à pompe) consiste à proposer à votre sujet une grande quantité d’affirmations floues, et à observer comment il réagit et les interprète. En « tirant au hasard » dans toutes les directions, vous multipliez vos chances de toucher une corde sensible. Voici quelques exemples :

    Je vois une femme dans votre pasé. Elle n’a pas de lien du sang avec vous. Vous ne vous êtes pas toujours entendu avec elle. Je sens qu’elle va bientôt revenir dans votre vie.

    Je vois un problème avec une figure paternelle de votre famille. Votre père, un oncle, un cousin ? Je vois du noir dans sa poitrine.

    Je vois des initiales, un N. Et peut-être un J. J’ai le sentiment qu’une personne dont le nom commence par ces lettres aura un rôle particulier dans votre vie.

    Dans tous les cas, votre sujet sera libre d’interpréter ces informations comme bon lui semble. Au besoin, vous pourrez l’encourager avec une phrase du genre « Je vois des images, elles signifient sans doute plus pour vous que pour moi. Aidez moi, et nous découvrirons de nouvelles choses à votre sujet ».

  2. Le tir au hasard (je ne retrouve plus le nom « officiel ») consiste à émettre des déclarations floues et au pifomètre, de manière à générer une réponse, le plus souvent inconsciente, du sujet. Ces réponses sont une véritable manne d’informations pour le lecteur à froid.

    J’ai le sentiment que vous avez des soucis financiers ces derniers temps.

    J’ai l’impression qu’une personne de votre entourage occupe particulièrement votre esprit en ce moment.

    Vous avez des travaux en cours en ce moment. Quelque chose que vous devez accomplir avant de passer à autre chose.

    De telles déclarations ne sont jamais des affirmations. Elles sont formulées de manière à laisser la place à l’interprétation, et à générer un retour (feedback) de la part du sujet. Celui-ci en effet, sans même s’en rendre compte, va acquiescer, froncer les sourcils, tressaillir, se pencher, dodeliner de la tête, retenir son souffle, rapprocher sa chaise, soupirer, moins cligner des yeux, raidir ses muscles, accélerer sa respiration, etc., indiquant au lecteur attentif s’il brasse du vent ou s’approche de son but. Il vous faudra donc vous entraîner à savoir lire le langage corporel.

    C’est là que ça devient franchement marrant : même si sur 10 déclarations comme celles-ci, 9 sont fausses et une seulement touche au but, c’est celle-là que votre sujet retiendra, grâce à un phénomène psychologique appelé la validation subjective, ou mémoire sélective.

    En mélangeant ces deux techniques, vous pouvez rassembler des informations de plus en plus précises sur votre sujet. Quand vous apprenez un fait nouveau, stockez le sagement et attendez votre heure. Quand vous en saurez assez, ressortez les informations que vous avez stocké, comme si c’était vous qui les révéliez. C’est magique, on croira que vous êtes devin. On se souviendra que vous saviez.

Lost control
Creative Commons License Crédit : Emmanuele Contini

Vous découvrirez que la plupart de ceux qui consultent les voyants ont trois principaux centres d’intérêts : le sexe / les relations, la santé, et l’argent. L’immense majorité des problèmes que vous rencontrerez rentre dans une de ces catégories. Le mariage, les rencontres, la solitude, le divorce, l’adultère, les accidents, les maladies, la guérison (de soi ou des proches), les dettes, le jeu, les investissements, les voyages, le vol, les intérêts, sont de trés grands classiques.

Si vous êtes arrivé jusqu’ici, la dernière phase est du gateau. Il vous suffit de faire un récapitulatif de tout ce que vous savez, et à formuler des prédictions positives qui répondent aux interrogations de votre sujet. Bien entendu, ces prédictions doivent rester imprécises.

Bon, et c’est quand même là que l’éthique pointe le bout de son nez. Votre sujet est dans votre poche, à votre merci. Il est de votre responsabilité de ne pas prédire n’importe quoi.

Si un homme vous demande s’il va gagner à la lotterie, répondez lui que vous voyez une rentrée d’argent, mais surement pas grâce au loto. Si une femme vous demande si son mari la trompe, répondez lui que votre impression est qu’elle est parfois un peu trop suspicieuse, et qu’il faut lui laisser le bénéfice du doute à moins d’avoir de vraies preuves. Si une personne vous demande si elle rencontrera son âme soeur, répondez que vous pensez que oui, et qu’il s’agira probablement d’une personne qui ne correspond pas au « type » habituel de votre sujet.

Ces réponses sont positives et ouvrent l’esprit sans encourager à la passivité. Elles créent les conditions mentales les plus susceptibles d’apporter des choses positives dans la vie de vos sujets. N’oubliez pas, à grand pouvoir, grande responsabilité.

Pour conclure, j’espère avoir montré que les voyantes, diseurs de bonne aventure et compagnie, s’ils sont doués d’un talent certain, ne disposent d’aucun pouvoir surnaturel. Retenez bien que personne ne peut prédire l’avenir, même si certains sont passés maîtres dans l’art de le faire croire. Si tous ne sont pas des escrocs, certains cold readers sont de purs charlatans qui profiteront de votre naïveté pour vous soutirer votre argent. Je suis sûr qu’en y réfléchissant, vous pourrier y trouver un meilleur usage, non ?

  1. bon, j’exagère, mais pas tant que ça []
  2. pas mal, pour une introduction, non ? []

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