Aujourd’hui, je vous propose une astuce de communication un peu atypique, mais extrémement puissante. Je connais trés peu de personnes qui savent l’employer correctement, et pourtant, elle peut-être terriblement efficace.

Il s’agit de la technique du silence.

Comme son nom l’indique, cette technique consiste à ne pas piper mot et à laisser votre interlocuteur faire tout le boulot. Elle s’utilise lors de discussions animées, de débats houleux ou d’âpres négociations, et en général, lorsque la communication devient difficile parce que chacun campe sur ses positions en tenant de convaincre l’autre.

La technique du silence

La mise en oeuvre paraît simple : lorsque votre interlocuteur s’interrompt parce qu’il a fini de parler, contentez vous de le regarder d’un air interrogatif, comme si vous attendiez qu’il continue. Et surtout, ne dites rien, pas même un « continuez ». Fixez le bien dans les yeux, et silence absolu !

En quoi cette technique est-elle utile ? Tout d’abord, elle permet de calmer le jeu. Lorsque la communication passe mal, les esprits s’échauffent, personne n’écoute plus rien, et les espoirs d’avoir une discussion constructive fondent comme neige au soleil. En vous taisant, vous stoppez net l’escalade, et empêchez l’échange de tourner au pugilat.

Puisque vous ne parlez pas, ni ne l’interrompez, votre interlocuteur peut à loisir exprimer ce qu’il a sur le coeur. Une fois qu’il aura l’impression d’avoir été entendu, il se calmera.

Ensuite, dans une discussion animée, chacun se sert des paroles de l’autre pour l’interrompre, rebondir et enchaîner sur d’autres arguments. Si vous ne dites rien, vous ne donnez aucune « prise » à votre adversaire pour lui permettre de continuer cette joute verbale. Il n’aura aucun argument à contrer, il ne pourra plus vous interrompre. Vous lui donnerez l’impression d’enfoncer une porte ouverte.

Autre avantage : vous lui coupez l’herbe sous le pied en le forçant à épuiser tous ses arguments, sans trop savoir ou il va. Vous l’obligez à jouer cartes sur table, quand votre jeu reste caché. Quand ce sera votre tour de parler, vous pourrez facilement anticiper toutes ses répliques, ce qui vous conférera un avantage indéniable.

Enfin, la technique du silence vous conférera beaucoup de présence, et un charisme indéniable. En effet, c’est vous qui maîtrisez la communication. C’est vous qu’il faut convaincre. C’est à l’autre de faire un effort pour vous atteindre. Vous être le maître.

Tout le génie de cette technique, c’est que vous maîtrisez complètement la conversation sans dire un mot. Sans rien faire, vous placez votre interlocuteur dans une position difficile. Vous allez le mettre terriblement mal à l’aise, sans lui donner de possibilités de vous contrer.

Comment mettre votre adversaire mal à l’aise

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Creative Commons License Crédit photo : mouton.rebelle

Il faut avouer que le principal avantage de la méthode du silence, c’est qu’elle va mettre l’adversaire mal à l’aise. En ce sens, ce n’est pas trés Fair Play, mais c’est efficace.

Le malaise de l’adversaire est la clé de la technique, il faut donc chercher à le maximiser, parce que c’est ce qui vous donnera le plus de chances de remporter la victoire. Mais d’où vient ce malaise ?

D’abord, il s’agit d’une joute verbale. Lorsque l’adversaire attaque, il s’attend à ce que vous ripostiez, parce que c’est le comportement « naturel ». Si vous ne faites rien, il se trouve dans une situation inconnue. Qu’allez vous faire ? Que préparez vous ? Pourquoi ne réagissez vous pas ? Et lui, qu’est ce qu’il va faire, maintenant ?

Il espère vous convaincre par ses arguments, comme un boxeur espère voir son adversaire chanceler après un coup. Or, rien n’a d’effet sur vous. Vous restez impassible, comme s’il n’était que du vent. En agissant comme ceci, vous transmettez une image de puissance, de pouvoir. Votre adversaire n’est qu’un moucheron face à vous.

Vous lui faires perdre tous ses moyens. Vous le frustrez terriblement. Vous l’énervez, et le fait de s’énerver alors que vous êtes si calme l’énerve encore plus.

Quand il aura débité ses arguments, donné le meilleur de lui même, et compris que cela ne mène à rien (vous n’avez toujours pas pipé mot), il y a de bonnes chances pour qu’il se calme, qu’il réfléchisse, et qu’il change de tactique. Il sera obligé de s’ouvrir, d’essayer de vous comprendre, se montrera même gêné de vous avoir agressé. De lui même, il cherchera des compromis.

L’exécution de la technique

Quelques conseils pour exécuter la technique. D’abord, attention à ne pas commettre certaines erreurs. Il ne s’agit pas d’ignorer votre interlocuteur, bien au contraire. Il s’agit de se taire. Vous devez vous taire, tout en étant impliqué dans la conversation.

L’efficacité de la technique du silence réside dans l’impassibilité. Ne quittez pas votre adversaire des yeux, mais ne montrez aucune émotion. Il faut vraiment lui donner l’impression qu’il n’a absolument aucune prise sur vous.

Vous pouvez affecter un air dubitatif, sourcils et mentons relevés, cela donnera de bons résultats. Tâchez de faire en sorte qu’il se demande si vous ne le prenez pas pour un idiot, mais il faut que cela reste une impression trés légère, pas une certitude. Envoyez lui des messages corporels à peine marqués, pour qu’il ne soit pas sûr de leur interprétation.

Vous pouvez aussi, quand il s’interrompt, prendre l’air de celui qui réfléchit profondément, mais qui ne comprend pas quelque chose. Le but est de le pousser à s’expliquer plus avant.

Vous pouvez, par des mouvements de sourcils et de bouches (l’air de dire « Ah ? Tiens ! ») mettre l’accent sur l’un ou l’autre de ses arguments, pour contrôler sa direction en le forçant à s’expliquer sur tel ou tel point.

En bref, la technique du silence est terriblement efficace dans certains cas. N’hésitez pas à l’utiliser, si vous pensez que des moyens conventionnels ne donneront aucun résultat, ou si vous êtes persuadés d’avoir raison mais que votre adversaire est plus doué que vous en rhétorique.

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