
Comment soutenir une conversation ?
Où l’auteur explique comment soutenir une conversation et devenir un auditeur recherché, même quand on est timide ou qu’on a rien à dire.
Lorsque j’étais plus jeune, il y a quelques années de cela, j’étais excessivement timide. Parmi les nombreux problèmes que cela me posait, il y en avait un que je haïssais particulièrement : j’étais incapable de soutenir une conversation avec un(e) inconnu(e). Lorsque l’on me présentait quelqu’un, je n’arrivais jamais à trouver quoi que ce soit à lui dire. Après un court échange de banalités, je restais comme deux ronds de flans, les bras ballants, en me creusant désespérément le ciboulot à la recherche d’un sujet de conversation qui ne venait pas. Et j’espérais secrètement une diversion providentielle qui pourrait empêcher le malaise de s’installer. Ce n’est qu’après avoir cotoyé la personne pendant de nombreuses heures que je parvenais à me décoincer.
Ces troubles étaient fort pénibles. D’abord, cela a transformé en calvaire mes sorties du soir, dans lesquelles je ne me sentais pas à l’aise. Ensuite, cela a beaucoup handicapé ma vie sociale. Ce n’est pas facile de connaîtres des gens lorsqu’on à du mal à lier connaissance.
Docteur, qu’est-ce que je dois faire ?
Pendant longtemps, j’ai réfléchi au meilleur moyen de mettre un terme à ces soucis. La solution paraissait simple : puisque je n’avais rien à dire, il fallait que je m’entraîne à trouver des sujets de conversation. Je décidai alors de me mettre à parler de tout et de rien, d’exprimer tout haut tout ce qui me passait par la tête, sans me poser de questions sur l’intérêt de la chose. Jamais, plus jamais je ne devais me trouver à cours de mots.
Naïf que j’étais !
L’expérience m’a démontré à maintes reprises que cette tactique ne produisait pas l’effet escompté. Bien au contraire. Au lieu de m’attirer la sympathie de mon interlocuteur, elle le fatigait, le lassait, l’ennuyait. Je n’étais plus seulement un interlocuteur muet, j’étais un interlocuteur rasoir. Celui-là même que l’on tente d’éviter à tout prix pour n’en pas subir le poids barbant.
Bonne nouvelle : la solution existe
Si je vous parle de tout ceci, vous vous doutez bien que c’est parce que j’ai mieux à vous proposer. Et bien vous ne vous trompez pas, lecteurs adorés (permettez-moi ce brin de familiarité, voulez-vous). J’ai en effet découvert qu’il n’est pas difficile de soutenir une conversation. La solution tient en quelques mots : (suspense) Pour être un bon interlocuteur, il n’est point besoin de parler, il suffit d’écouter.
Dit comme cela, ça à l’air si simple ! Et bien ça l’est. La plupart du temps, les gens adorent discourir, pour peu qu’ils trouvent en face une oreille attentive. Cela vous est-il déjà arrivé de tomber sur quelqu’un qui était littéralement fasciné par vos paroles ? N’était-ce pas flatteur ? N’était-ce pas gratifiant ? Lorsque vous écoutez quelqu’un, vous lui faites sentir son importance. En accordant votre attention à votre interlocuteur, vous lui montrez votre considération pour lui. Vous flattez son orgueil, et cette personne vous en sera reconnaissante. C’est un moyen trés habile et trés simple de gagner sa confiance et son respect. Car c’est une règle élémentaire de psychologie sociale : on apprécie d’autant plus les gens qui nous apprécient, et on ne respecte que ceux qui nous respectent.
Ok, j’ai compris. Dorénavant, je ne dirai plus rien
Malheureux ! Ecouter les gens n’est pas si aisé. Il ne s’agit pas de rester coi tout en laissant l’autre parler. L’écoute n’est pas un phénomène passif, cela demande de s’impliquer dans la conversation, et de porter une attention non feinte à votre interlocuteur. Ne faites pas semblant de vous intéresser, cela se remarquera, et fera trés mauvais effet. Si vous voulez donner une mauvaise impression de vous, ne pas être aimé, voici la tactique à suivre : ne vous intéressez pas à ceux qui vous parlent. Moquez vous comme d’une gigne de ce qu’ils vous racontent. Baillez aux corneilles en écoutant leurs histoires. Interrompez-les pour parler de vous-même. Après tout, vous êtes un sujet tellement plus intéressant. Effet garanti !
Vous devez vous intéresser réellement à la personne qui vous parle. Montrez vous curieux à son sujet. Ayez envie de tout savoir d’elle. Buvez ses paroles. Admirez-la sincèrement. Vous devez chercher à adopter un état d’esprit d’ouverture et de curiosité. Si vous y parvenez, vous en viendrez naturellement à poser des questions intéressantes, sur lesquelles votre interlocuteur aura plaisir à rebondir et à discourir.
Ne pensez pas à vous, pensez à celui qui vous fait face. Mettez vous à sa place, n’auriez vous pas envie d’avoir un confident, un auditeur attentif ? Posez lui des questions ouvertes sur les sujets qu’il maîtrise est sur lesquels il aime discourir. Ne l’interrompez pas pendant qu’il parle. Contentez vous de lui montrer votre attention en le relançant de temps en temps par un grognement d’assentiment ou une autre question.
Illustration
Je vais prendre un exemple personnel. Jusqu’à trés récemment, j’étais horriblement gêné de rencontrer un voisin de pallier dans les couloirs de mon immeuble. En effet, nous nous connaissons suffisamment pour nous saluer, mais pas assez toutefois pour entamer une conversation. Aussi, lorsque nous sortions par hasard au même moment, nous descendions les escaliers de concert et restions côte-à-côte pendant un long moment dans le silence le plus absolu et le plus pesant.
Mais un jour, je décidai de faire l’effort de m’intéresser sincèrement à ceux qui vivaient près de moi, et je réalisai que je n’en savais presque rien. Aussi, croisant une voisine sur son pallier, je commençai par m’enquérir de sa santé (un grand classique, mais qui a fait ses preuves). J’embrayai en lui demandant si elle appréciait ses congés, car nous étions en période de vacances scolaire. Ainsi, elle me parla de son métier, de ses loisirs, et la conversation se poursuivit quelques minutes avant que nous ne nous séparions cordialement.
Devenez un auditeur recherché
Par la suite, quand j’ai généralisé cette méthode à toutes mes interactions sociales, j’ai appris une autre chose importante : tout le monde à une histoire à raconter. Chaque personne est intéressante. Pour certaines, c’est moins évident que d’autres (et pour certaines, il faut chercher trés longtemps et trés loin, il est vrai), mais tout le monde à quelque chose à dire.
Lorsque j’ai commencé à mettre cette technique en oeuvre, j’étais souvent freiné par le fait que je trouvais indiscret de poser des questions personnelles aux gens que je ne connaissais pas. Ne faites pas la même bêtise. Sachez que chaque personne est au centre de son propre univers, et par conséquent, elle est le sujet qu’elle maîtrise le mieux.
Si vous voulez devenir un interlocuteur brillant, à la conversation recherchée, suivez ces conseils : commencez par vous taire, et apprenez à écouter.
Le 23 février 2007 à 18:53 , TpTimidePrLeDire a dit :
mdr !
Je me suis total reconnu en toi ! Du début à la fin.
Mais bon ya un truc qui va pas (dans mon entourage en tout cas) c’est quand c’est toi qui dois parler… Ba moi je bloque encore là après avoir posé tes questions. Faut pas croire non plus que les gens adorent parler que de eux.
Je me sens tout bête quand je tape une reflexion, une phrase pour meubler.
Le truc c’est comme tu dis, tout le monde à un truc à raconter (même moi), mais bon après que tu as fait parler les gens, que c’est ton tour… Surtout si on est à plusieurs dans le groupe.
Une technique qui a ses limites donc ! Ca meuble, mais ça fera pas de la personne ton ami…
Le truc c’est d’être naturel même si tu dis que tu t’interesse aux gens, ba ça peut finir par m’ennuyer (meme en me forçant).
et la technique ne marche pas avec 2 personnes timides lol.
Au final tu tes extraverti alors ?
Ou tu fais que ça ?
Ccl : excellent article pour les timides qui connaissent pas.
Le 26 février 2007 à 18:29 , thibault a dit :
Salut, et merci pour tes encouragements.
C’est sûr que cette technique fonctionne moins bien dans certains cas. Par exemple, dans les conversations à plusieurs que tu cite, ou entre deux timides.
Toutefois, quand on arrive à soutenir une conversation à deux, on gagne pas mal en confiance en soi. Avec de l’entraînement, le reste finit par venir.
Le 12 mars 2007 à 20:20 , mathurine a dit :
slt !
viens de découvrir ton blog grâce à un forum, je suis addicted maintenant !!!
j’espère que tu laisseras encore plein de trucs.. ; je suis pareil, pas spécialement timide mais je n’ose jamais l’ouvrir lol, enfin la particularité avec moi c’est que je suis une vraie bavarde avec des inconnus ou des personnes que je viens de rencontrer mais dès que ça devient un copain… plus rien à dire (en fait c surtout dans mon petit groupe, je me sens un peu nulle
du coup ça a crevé ma confiance cette année et ça a gagné d’autres domaines ( travail, famille…).
enfin si tu me dis que toi tu t’en sors, pourquoi pas moi ??
Le 13 mars 2007 à 19:39 , thibault a dit :
Salut mathurine ;
Merci pour tes encouragements. N’aie crainte, je ne fais que commencer
Effectivement, si d’autres y arrivent, pourquoi pas toi ?
Le 5 juillet 2007 à 16:13 , alex a dit :
Bonjour
Votre article me parait très intéressant et pertinant .C’est la raison pour laquelle ,je me suis permis de mettre le lien de cet article sur notre site http://www.news.info11.net/ dont l’objectif est de recenser les infos pertinantes et croustillantes qu’on puisse trouver sur Internet .Bien sur si vous ne voulez être que l’article soit diffusé sur le site , n’hésitez pas à me faire savoir .
Cordialement
Alexandre
Le 5 juillet 2007 à 16:35 , thibault a dit :
Bonjour Alexandre ;
Ça ne me pose strictement aucun problème. Merci à vous pour votre intérêt.
Le 4 août 2007 à 13:13 , Sylvain a dit :
C’est une exellente méthode, mais c’est dommage que je ne l’ai pas vue avant, cela m’aurait permis de gagner du temps et d’éviter de me prendre la tête. J’en suis au commencement.
Mais en fait à force de pratiquer, car je pratique aussi dans mon métier, je me sens un peu lassé de faire parler les autres, et, j’ai du mal à parler de moi. J’aimerais bien glisser deux mots sur moi aussi, dire ce que j’ai envie de dire de temps en temps. Enfin bon c’est bien quand même et cela m’a BIEN aidé.
Merci.