Pile ou face ?
Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir à choisir entre deux possibilités, alors qu’absolument rien ne fasse pencher la balance d’un côté ou de l’autre ? Par exemple, la dernière fois que je suis allé au cinéma, j’ai du choisir entre deux films que je ne connaissais pas, et ils me tentaient également.
Ce genre de dilemne cornélien est illustré par l’âne de Buridan, dont vous connaissez peut-être la sinistre histoire. L’âne de Buridan était un âne tout ce qu’il y a de plus banal, à ceci près qu’il avait trés exactement aussi faim que soif. Or, il se retrouva au milieu d’une route, à égale distance d’un seau d’avoine et d’un seau d’eau.
Qu’arriva-t-il à cette brave bête ? Elle hésita pendant des heures, et finalement mourut dans d’atroces souffrance, faute d’avoir su choisir. Elle décéda d’indécision.
Si j’en reviens à mon exemple de cinéma, il est bien évident que je ne vais pas mourir de ne pas savoir choisir entre deux films. En revanche, il est tout à fait envisageable que je manque le début du film, voire que je rate complètement la scéance.
Comment trancher ?
Comment prendre une décision quand nous ne sentons aucune préférence ? Le piège de ce genre de situation, c’est de continuer à réfléchir indéfiniment, au lieu d’agir. Lorsque la réfléxion n’amène rien, il ne reste que l’action.
Dans ce genre de situation, j’utilise la classique méthode du pile ou face. Pile, je vais voir le film A, face, le film B. Puisqu’aucun choix ne parait meilleur que l’autre, alors autant choisir au hasard. L’avantage de cette méthode, c’est qu’elle force à prendre une décision. Une fois que j’ai tiré à pile ou face, je cesse de réfléchir, je deviens obligé d’agir.
Une fois que j’ai lancé la pièce, je cesse de peser le pour et le contre entre deux films, et je n’ai plus qu’à me diriger vers la caisse pour demander mon ticket.
Et quand la pièce se trompe ?
Ce qui est amusant, c’est que bien souvent, je découvre que le choix de la pièce ne me convient pas, et que j’aurais finalement préféré l’autre possibilité. Je me rends compte que la balance penchait effectivement plus d’un côté que de l’autre. C’est simplement que la préférence était trop peu marquée pour que je la remarque.
Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à revenir sur sa décision. Le fait d’agir a aidé à réfléchir, mais l’important, c’est d’avoir fait un choix.
Le 6 mai 2007 à 3:03 , Bisi2Poche a dit :
Ce genre de problème d’indécision est, en tout cas pour moi, généralement lié à la peur de regretter son choix et à l’impossibilité de revenir en arrière une fois celui ci accompli. (”Si j’avais su, j’aurais pas venu”)
Et pourtant c’est un tort, si on ne peut revenir en arrière, au moins peut-on en général aviser pour l’avenir et donc pour reprendre l’exemple se dire qu’on retournera voir le film B prochainement si jamais le film A nous a déplu. De toute manière il est fort probable que le présent soit plus fort et qu’en sortant de la salle de cinéma, même si le choix s’avère être le mauvais, on passe totalement à autre chose et qu’on oublie le fameux dilemne ; “après tout le film C a l’air d’être super chouette et il sort bientôt !”.
(Bon j’admet aussi qu’il y a des décisions plus délicates à prendre que le choix d’un film et pourtant toutes aussi sujettes à l’hésitation)
Après une autre solution peut toujours être de contourner le problème et d’aller au théâtre, “on verra plus tard pour le ciné”.
Mais sinon, le pile ou face me semble raisonnable, au pire on pourra toujours en vouloir à la pièce de s’être trompée, et tant pis si c’est un peu lache ^^
Le 8 mai 2007 à 20:59 , Emmanuel Amar a dit :
J’ai le sentiment que derrière cette grande question de l’indécision se cache le problème de l’estime de soi. Je m’explique : je crois qu’un des motifs principaux qui empêchent de choisir, c’est la peur d’être déçu de son propre choix, donc déçu par soi-même. Et si je suppose que j’ai la capacité de me décevoir moi-même, c’est que je ne me considère pas vraiment comme un type capable de faire les bons choix… Donc que je suis un peu con !
PS Bisi2Poche : contourner le problème n’est pas une solution (Quel film vais-je voir ? Humm… Je n’arrive pas à choisir, donc… je ne vais en voir aucun !) Le problème, c’est de choisir un film, pas de choisir entre le cinéma et autre chose !
Le 10 juin 2007 à 15:20 , infofiltrage a dit :
Je viens d’essayer avec une pièce de 1 €, et manque de chance^^ pour moi, la pièce est retombée sur la tranche…
Quel ne fût pas ma confusion de ne pouvoir faire l’âne de Buridan, euh !
Je me souvins alors de cette histoire que mon grand-père me comptait souvent avec un fort accent allemand lorsque j’étais enfant… Je vais te relater son récit.
Avec un ami (pas très) poilu de la Grande Guerre, il fût arrêté par la Police Française (Geheime Staatspolizei) vers 1943. Or, ces agents de Vichy n’eurent pas assez de preuves pour les inculper tout deux, et les interrogèrent séparément (et curieusement sans brutalité) en leur faisant la même offre.
« André (le patronyme de mon pépé, nul n’est parfait^^), si tu dénonces ton complice Robert et qu’il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et il écopera de 30 ans de “Vernichtungslager” (camp de concentration).
Par contre, si tu le dénonces et lui aussi, vous écoperez tous les deux de 10 ans de “Vernichtungslager”.
Si personne ne se dénonce, vous aurez tous deux 2 ans de “Arbeitslager” (camp de travail). »
En l’écoutant, j’étais circonspect, tant en acte comme en parole. Et toi ? Je veux dire, entre dénoncer ou non, dans une situation fort stressante comme ici, la difficulté de prise de décision dépasse le pile ou face. Il convient alors de mobiliser un maximum de stratégies (comme il en est question dans le dilemme du prisonnier) en ouvrant sur la possibilité de renoncer. Renoncer… tout un univers du Choix !