Category Archives: Gestion du temps, organisation et GTD

Et si vous arrêtiez d’attendre le bon moment ?

« Ce n’est pas le bon moment ». Est-ce que cela ne vous agace pas d’entendre cette phrase ? Peut-être même la prononcez vous, parfois ? Chaque fois que j’entends ça, je suis désespéré pour la personne qui est en face de moi.

« J’aimerais me mettre à mon compte et devenir auto-entrepreneur, mais ce n’est pas vraiment le bon moment, avec les gosses, tu comprends… »

« J’aimerais acheter un voilier et partir faire le tour du monde, mais avec la crise, ce n’est pas vraiment le moment… »

Le bon moment ne vient jamais

Nous avons tous des rêves et des projets d’envergure. Et tous, nous avons des obligations, des hauts et des bas, des gamins, un boulot, des occupations, des rendez-vous, des crédits, etc. Évidemment, nous sommes tentés de remettre nos grands projets à plus tard. Pas de chance, ces projets sont justement ceux qui nous rendraient heureux, parce qu’ils correspondent à ce que nous voulons vraiment.

Dans 95% des cas, ce n’est qu’une excuse, que nous invoquons parce que nous avons peur de nous lancer. Alors, nous préférons nous réfugier dans le fantasme : un jour, je ferai le tour du monde. Un jour, je créerai ma boite. Un jour, j’apprendrai à jouer du piano, etc.

À force de toujours remettre la réalisation de ses rêves à plus tard, on fini par s’apercevoir qu’on n’a rien accompli, que le temps passe, et oh ! Suprise ! Ce n’est toujours pas le bon moment.

Que sont devenus vos rêves ?

Voici mon avis : ce n’est jamais le bon moment. Si vous ne partez pas faire le tour du monde aujourd’hui, vous n’irez jamais. La seule solution, c’est d’agir maintenant. Posez vous la question : qu’est-ce que vous pourriez faire aujourd’hui qui vous rapprocherait de votre but ? Vous voulez faire le tour du monde ? Décrochez votre téléphone pour prendre rendez-vous avec un vendeur de bateaux. Vous voulez vous installer à votre compte ? Allez donner aujourd’hui votre démission.

Agissez dés maintenant. Vous trouverez les ressources nécessaires et les solutions aux problèmes ensuite. Mais arrêtez d’attendre le bon moment, il ne viendra jamais.

La différence entre ceux qui vivent la vie de leur rêve, et ceux qui vivotent en attendant la retraite, c’est que les premiers agissent dans l’instant. Et vous, dans quelle catégorie vous situez-vous ?

Comment gérer les urgences

Qui n’a jamais agit dans l’urgence ici ? Levez la main bien haut. Personne ? Bien, dans ce cas, je ne parlerai pas pour rien. Car le temps, aujourd’hui, est une ressource cruciale. On n’a jamais assez de temps pour tout faire, il faut toujours courir d’un point à un autre, se dépêcher, se presser, et on se retrouve à faire 10 000 choses en même temps. Et c’est là qu’apparaît ce redoutable adversaire : l’urgence.

Qu’est-ce qu’une tâche urgente ? Et bien, c’est une tâche (terminer un rapport, aller chercher son gamin à l’école) qui ne peut pas (plus ?) être remise à plus tard, et doit être réalisée maintenant, sous peine de sanction négative (engueulade du patron, perte de son boulot, problèmes avec les services sociaux, etc.) Et plus l’échéance approche, plus le risque de retard augmente, plus l’urgence est importante. On entre alors dans une situation de crise.

Les situations de crises sont extrémement désagréables, car elles ont la sinistre tendance à se multiplier par effet domino. Je suis en retard pour un rapport urgent, donc je m’y met à fond en délaissant mes autres activités, donc je prends du retard sur d’autres projets importants, que je devrai rattraper plus tard, etc.

De plus, les crises sont fortement génératrices de stress, qui a les effets désastreux que l’on sait sur la santé. Et puis, si une certaine dose de stress permet d’accroitre ses performances, un stress trop important et continu devient insuportable et complètement improductif.

Nous allons donc analyser comment naît l’urgence, et de quelles manières nous pouvons nous en prémunir.

Mauvaise planification des tâches

mauvaise estimation du temps = urgence

Les gens qui travaillent dans l’informatique le savent bien : il est quasiment impossible de terminer un projet dans les délais. En fait, comme dans le bâtiment, la plupart des projets sont rendus en retard, et l’équipe de travail termine par un « coup de bourre », une « charrette », et sur les rotules.

La première raison de cet état de fait vient sans doute du fait qu’il est trés difficile d’évaluer le temps que nous prendrons les différentes tâches à réaliser. Je vous ai fait une belle image pour illustrer mon propos. En bleu, la durée planifiée, et en rouge, la durée effective de la tâche.

Comme la durée du travail à réaliser a été sous évaluée, on se retrouve dans un état d’urgence à mesure que l’échéance se rapproche. On travaille plus et plus vite (du moins, on essaye) pour rattraper le retard, et donc, paf ! État de crise, stress, overdose de café, nuits blanches, infarctus, et tout le toutim.

C’est un problème tellement courant qu’il a été la source de nombreux (pseudos) théorèmes, tels que le théorème d’Eric Bourreau1 :

Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte du théorème d’Eric Bourreau2

Comment y remédier ? J’entrevois principalement deux solutions. La première, c’est de se fixer soi même une échéance avant l’échéance officielle. Je dois terminer ce rapport pour vendredi ? Ok, je considère qu’il doit être fini pour mercredi. Ainsi, cela dégagera un « tampon de temps » qui permettra d’absorber les retards sans trop de stress. Attention toutefois à la loi de Parkinson :

Le travail se dilate jusqu’à remplir le temps disponible

La deuxième solution, la plus efficace à mon avis, c’est de faire appel à son expérience, et d’apprendre à mieux évaluer la durée des tâches. Vous êtes toujours en retard de deux jours sur des projets d’une semaine ? Apprenez à sur-évaluer ces projets. La planification, cela s’apprend, et se maîtrise.

Une autre cause qui peut rallonger indéfiniment la durée des tâches, c’est de souffrir d’un perfectionnisme excessif. Dites vous bien qu’il est impossible d’atteindre 100% d’efficacité dans tout ce qu’on entreprend.

« Le diable est dans les détails ». En général, 20% de nos activités apportent 80% des résultats. Ensuite, nous passons 80% de notre temps à pinailler, à perfectionner, à fignoler, à tergiverser, ce qui n’apporte en général que 20% des résultats.

Il faut apprendre à lâcher prise, et accepter que tout ce que nous faisons ne peut pas être parfait. Il est bien plus productif de consacrer 80% de ses efforts aux 20% d’activités qui apportent 80% des résultats.

Ne pas savoir gérer les interruptions

Attention aux interruptions

Dans un monde parfait, une fois nos tâches planifiées, il suffirait de s’y mettre suffisamment tôt, et hop ! Nous serions à l’heure. Malheureusement (ou heureusement), la vie n’est pas si simple, et nous sommes sans arrêt soumis à de nombreux stimulus, et victimes de sollicitations et d’interruptions quasi-constantes.

Si on ne sait pas les gérer convenablement, les interruptions peuvent devenir extrèmement chronophages. Il est bon de distinguer les interruptions de deux catégories :

  • Les sollicitations externes : Ce sont vos amis qui vous invitent à prendre un café, vos gamins qui vous demandent de jouer avec eux, votre patron qui vous demande de participer à une réunion vitale dont vous n’avez rien à foutre, votre collègue qui vous demande de l’aide. Bref, la perte de temps, c’est les autres.
  • Les sollicitations internes : Ce sont toutes les interruptions qui viennent de votre part. C’est le cas lorsque vous interrompez votre travail pour consulter vos emails, ou votre aggrégateur RSS, ou les statistiques de votre blog, ou lorsque vous faites une pause café et passez une demi-heure à papoter avec vos collègues, ou tout simplement quand vous commencez à rêvasser. Bref ! Toutes ces pertes de temps dues à une mauvaise concentration.

Comment gérer ces interruptions pour qu’elles ne vous mettent pas systématiquement en retard ? J’ai déjà plus ou moins traité ce sujet dans un autre article. Vous pouvez utiliser la méthode ADRA, pour Abandonner, Déléguer, Reporter ou Agir :

  • Abandonner : Si l’interruption n’est pas importante, faites vous plaisir : laissez-là tomber !
  • Déléguer : Eh ! Cette tâche inutile qui vous interrompt et qui vous ennuie, peut-être qu’elle sera importante pour quelqu’un d’autre. Un collègue, ou un subordonné, par exemple.
  • Reporter : Si l’interruption n’a pas besoin d’être traitée tout de suite, remettez-là à plus tard.
  • Agir : Ce n’est qu’en dernier recours, si l’interruption est importante et doit être traitée tout de suite, qu’il faudra vous y mettre.

En matière d’interruption externes, il est important de savoir dire non aux solliciteurs de toutes sortes. Vous n’avez pas le temps, et vous n’êtes pas responsable de la misère du monde. S’il ne faut pas s’enfermer dans sa tour et devenir complètement innaccessible, il est aussi tout à fait légitime d’avoir des priorités, et de ne pas pouvoir tout faire. Ensuite, c’est à vous de choisir. Mais j’ai déjà écrit un article là dessus, je ne vais pas me répéter.

Quand aux sollicitations internes… Aïe aïe aïe ! Difficile de se concentrer, alors que nous sommes sollicités par de plus en plus d’informations. Mails, portable, RSS, etc. Pour s’en sortir, un seul mot : discipline et concentration3 !

Imposez vous de finir telle tâche ou tel sous-projet avant de consulter vos mails. Ne répondez pas systématiquement à tous les coups de téléphones. Et si vous avez du mal à résister aux distractions, alors il faut diminuer leurs sources. Fermez votre aggrégateur dans la journée, et ne l’ouvrez qu’une ou deux fois par jour. Éteignez votre portable et fermez la porte de votre bureau lorsque vous travaillez sur un truc important.

La procrastination, ou toujours commencer en retard

la procrastination entraîne les retards et l'urgence

Parfois, il est bon de remettre une tâche à plus tard. Par exemple, parce qu’on a besoin de plus d’informations ou de préparation. Ou tout simplement parce que ce n’est pas le bon moment (ça ne sert à rien d’aller cherchez les lardons à l’école deux heures avant la fin des cours). Ou pour une autre raison rationnelle.

Mais parfois, cette temporisation devient systématique et compulsive. Le fait de toujours tout remettre à plus tard s’appelle la procrastination.

C’est une réaction émotionnelle, dont nous souffrons tous plus ou moins à différents niveaux. Qui n’a jamais remis quelque chose au lendemain ? Qui n’a jamais révisé un partiel la veille ? Mais parfois, la chose prend une telle ampleur que ça en devient handicapant pour des gens qui ne peuvent plus rien entreprendre tant ils procrastinnent tous azimuts.

La procrastination créé artificiellement de l’urgence. Au fur qu’on remet à plus tard, l’échéance se rapproche, et la tâche devient de plus en plus urgentes. Jusqu’à au moment ou la pression engendrée devient suffisante pour faire sortir le procrastinateur de son inertie et le fasse agir.

L’exemple le plus célèbre, c’est bien sûr celui du lièvre, de la fable du lièvre et de la tortue, qui s’imagine avoir le temps, remets son départ, et finalement termine la course bon dernier derrière la tortue.

Pourquoi procrastinons nous ? Pour plusieurs raisons :

  • Par manque de motivation : j’ai un rapport important à taper, mais ça m’ennuie profondément. Comme ce n’est pas urgent et que je ne suis pas motivé, je vais remettre à plus tard pour me consacrer à d’autres tâches plus plaisantes et moins pénibles, même si elles sont moins importantes.
  • Par peur de ne pas être à la hauteur : Procrastiner fournit une excuse commode pour échouer. Oui, j’ai tapé ce rapport à la dernière minute, et il n’est pas d’une trés bonne qualité. Mais si j’avais disposé de plus de temps, nul doute qu’il aurait été parfait.

    Ainsi, nombreux sont ceux qui n’osent pas agir, par peur de mal agir ou de révéler leur incompétence.

  • Par peur d’être trop bon : Si je m’y mets tout de suite, je ferai un super boulot sur ce rapport, et j’aurai en plus du temps libre. Mais du coup, on va me refiler encore plus de travail, et on s’attendra toujours à ce que je fournisse un super travail. Donc, je procrastine, je « sabote » un peu mon boulot, et on n’attendra pas trop de moi.
  • Par sabotage : Certains utilisent la procrastination comme une arme de protestation, et sabotent leur travail pour se venger. Ah ! Salaud de patron, tu me refiles toujours des projets foireux, et tu me traite comme de la crotte ? Tu vas voir ton rapport urgent, comme il sera mauvais !

    En général, ces types de procrastinateurs ont du mal à admettre qu’ils font plus de mal à eux même qu’à la source de leur courroux.

Comment remédier à la procrastination ? Il n’est pas facile d’y répondre. Les causes sont nombreuses, et sont souvent d’ordre psychologique. Une bonne règle générale, c’est de toujours commencer les tâches le plus tôt possible. J’ai un truc à faire ? Je le fais tout de suite, et je suis débarrassé.

Il est également bon de prévoir ce qu’on fera du temps libéré. Au lieu de se dire « Zut, j’ai un truc pénible à faire, qui m’empêchera de m’adonner à telle activité agréable » (punition), réfléchir plutôt en ces termes : « J’ai un truc important à faire, et dés que je l’aurai terminé, je pourrais me consacrer à tel projet agréable » (récompense).

Conclusion

J’espère que ce petit cours de gestion du temps vous aidera à gérer vos urgences, à tenir vos délais, et à ne plus courir partout. Rappelons toutefois qu’il est inutile de faire beaucoup et de terminer à l’heure, si on ne fait pas les bonnes choses. Nous verrons dans un prochain article comment choisir nos activités en fonction de leur importance.

Et vous ? Avez vous des exemples de cas ou vous avez perdu du temps ? Avez vous des trucs ? Comment gérez vous votre temps ?

  1. Eric Bourreau enseigne entre autre la gestion de projet à l’Université []
  2. Au passage, les amateurs seront ravis de découvrir que ce théorème est récursif []
  3. Oui, ok, ça fait deux mots []

Comment économiser son temps et son argent ?

La société qui est la notre présente un paradoxe intéressant : d’un côté, jamais nous ne sommes allé aussi vite. Grâce au développement des technologies, voitures, TGV, avions nous permettent de nous déplacer à une vitesse toujours plus grande. L’informatique nous permet d’exécuter des tâches toujours plus nombreuses en un clin d’oeil. Pourtant, d’un autre côté, nous n’avons jamais le temps de rien faire. Amusant, n’est-ce pas1 ?

Qui n’a jamais eu l’impression de n’être qu’une abeille parmi les autres dans la ruche ? Qui n’a jamais eu le sentiment que sa vie défilait sans qu’il puisse rien faire pour la retenir ? Qui n’a jamais été débordé, littéralement, de travail ? Qui n’a jamais été stressé par le rythme trépidant de sa vie ? Qui n’a jamais regretté de ne pas consacrer assez de temps à ses projets personnels, ou à sa famille ?

Se lever tôt, emmener les gosses à l’école, courir (ou plutôt, rouler) au travail, manger sur le pouce, se gorger de café pour tenir la journée, retourner chercher les mioches à la sortie de l’école, aller faire les courses au supermarché, jouer aux auto-tamponneuses avec les caddies, rentrer faire la cuisine, coucher les marmots, et s’affaler devant la télé, enfin, pour se vider le cerveau.

Qui n’a jamais vécu de pareille journée ? Est-ce la journée rêvée ? Le rêve occidental ? Pourtant, ce type de vie est présenté comme le modèle absolu de la réussite, la « vie de monsieur et madame toutlemonde », le résultat ultime de millions d’années d’évolution.

Il y a ceux qui s’en contentent. Tant mieux pour eux. Et puis il y a les autres, ceux qui aspirent à autre chose. Qui ne veulent pas que leur vie se résume au métro-boulot-dodo. Qui refusent d’être des esclaves de l’économie, sacrifiant leur temps à faire tourner la civilisation capitaliste. Étudions de plus prêt comment retrouver une vie moins stressante et plus épanouissante.

Travailler plus pour gagner plus

Le concept est à la mode. Les français seraient des fainéants. « Travailler plus pour gagner plus » fut même un des slogans choc de la campagne de notre actuel président. Vous voulez du pouvoir d’achat ? Et bien, trimez, bandes de mollusques ! L’équation paraît simple : travail = argent => plus de travail = plus d’argent. Même un enfant pourrait comprendre, et saliver à l’idée de l’augmentation de son argent de poche.

Vous allez trimer, bandes de lavettes !

Faisons abstraction de toutes les conséquences économiques et sociales de telles mesures (ce n’est pas le propos du blog), et attachons nous aux conséquences individuelles. Avant de crier au génie, peut-être faudrait-il se poser quelques secondes pour réfléchir (habitude Ô combien perdue de nos jours) : gagner plus ? Mais pourquoi faire ?

Pour survivre, un être humain nécessite plusieurs éléments : un toit, de la nourriture, du sommeil, la sécurité, etc. Ce que l’on nomme des besoins primaires. Une fois la survie assurée, l’être humain aspire à plus : vivre, s’épanouir. Et pour cela, la seule satisfaction de contribuer à la société et de gagner de quoi nourrir sa famille ne suffit pas.

La société de consommation a travaillé dur pour faire disparaitre de nos vies ce qui ne lui sert pas. Nos tâches quotidiennes ne laissent désormais plus de place à la vie contemplative, l’art, la poésie, le jeu, l’humour, le jardinage, ou tout simplement… le repos.

La solidarité ? Plus besoin ! À la place, travaillons pour nous payer de belles assurances. Plus le temps de bricoler, il faut travailler pour payer le plombier. La convivialité ? Mais mon pauvre, vous croyez qu’on a le temps d’aller au marché discuter avec les commerçants locaux des produits qu’on met dans nos assiettes ? À la place, je prends ma voiture, et je brûle du bon pétrole pour aller au supermarché qui me présente des beaux fruits sans goût mais bien luisants et qui ont voyagé sur des milliers de kilomètres.

Gagner moins pour travailler moins

Le constat est le suivant : aujourd’hui, il faut travailler toujours plus, simplement pour payer les frais occasionnés par notre travail. Il faut payer la voiture qui nous sert à venir travailler. Il faut payer les plats tout préparés, alors que nous pourrions cuisiner si nous avions plus de temps. Il faut payer des professionnels pour bricoler à notre place. Il faut payer la nourrice qui garde les enfants pendant que nous sommes au bureau, etc.

Ce que je propose, c’est de chercher des alternatives pour réduire conjointement nos frais et notre temps de travail, tout en vivant une vie plus épanouissante. Travailler moins, c’est se donner le temps de vivre. Mais travailler moins, c’est aussi gagner moins. Et oui ! Nous allons donc tâcher de réduire nos dépenses, pour nous donner le pouvoir de réduire notre temps de travail, et ceci sans impact négatif sur notre qualité de vie.

La voiture : une belle saloperie

Les transports représentent aujourd’hui le deuxième poste de dépense des ménages (la première étant le logement), et la voiture y est pour quelque chose. En 2005, le budget annuel d’un possesseur de clio (la voiture la plus vendue en France) était de 4784 € !!2 Soit l’équivalent grosso-modo de trois salaires.

mangé par les voitures

Ce qui nous fait 400 € par mois. Pas mal, non ? Et si vous possédez une 307, la note monte à plus de 600 € ! Alors on me dira : la voiture, c’est pratique, ça va vite, on ne peut plus vivre sans, etc. Calembredaines et billevesées ! La voiture est un fléau ! Pour l’environnement, la santé, les paysages, les piétons et les cyclistes, la voiture est une calamité.

En plus, la voiture est loin d’être aussi rapide qu’on ne le croit. « Au sein des agglomérations françaises, la vitesse moyenne des voitures oscille entre 15 et 20 km/h, soit à peu près la vitesse moyenne d’un vélo ! »3 Et si on compte le temps passé à travailler pour payer son mode de transport, l’argument de la vitesse ne tient pas.

Alors, vous voulez rendre le monde meilleur, tout en gagnant 600 € par mois ? Facile : balancez votre chignole à la casse, et le tour est joué. Vous n’avez pas encore de voiture ? Avant d’en acheter une, demandez vous si vous avez envie de balancer 600 € par la fenêtre tous les mois.

Bien sûr, il faudra investir un peu dans des alternatives. Acheter un vélo, ainsi que des sacoches, par exemple. Ou un abonnement pour les transports en commun. Et prendre le train pour les déplacements longs. Mais croyez moi, avec tout ça, vous ne dépenserez jamais autant qu’en possédant une voiture.

L’alimentation : revenir à l’essentiel

Les bons légumes. Miam !

Après le logement et les transports, l’alimentation est le troisième poste de dépense. Et pourtant, la nourriture représente une part de plus en plus faible du budget total. On est passé de 28.6% en 1960 à 13.1% en 2005.

Soyons clair, je suis résolument contre économiser sur la nourriture ! Après tout, ce qu’on mange, c’est ce qu’on est. C’est le carburant de la vie. On ne peut espérer être en bonne santé sans une alimentation correcte.

Néanmoins, il reste possible de manger mieux en payant moins. Comment ? En redonnant sa place à l’essentiel. Fini les plats tout préparés, pleins de graisse, bourrés de sel et de sucre et suremballés, place aux bons fruits et légumes. Au revoir, les gateaux, biscuits et sucreries. Il est bien plus rentable de les cuisiner soi même (farine, oeufs, sucre, four, le tour est joué). Et mangez moins de viande. La viande, ça coûte cher, et ça pollue !

Consommez des produits de saison, et locaux, pour être sûr qu’ils n’ont pas parcouru des milliers de kilomètres avant d’arriver dans votre assiette. Ils auront meilleur goût et leur qualité nutritive sera plus importate. Et mangez bio, pour ne pas ingérer de saloperies chimiques et ne pas soutenir l’agricultre intensive qui épuise la terre.

Buvez l’eau du robinet, pas de l’eau minérale en bouteille. Au besoin, prenez un filtre à eau. Il est aussi possible de diminuer drastiquement le budget restaurant. Cuisinez pour deux repas la veille, vous n’aurez qu’à emporter. Le café du matin ? Remplacez le par un thé, préparé à domicile et que vous emporterez dans un thermos. Il vous coutera 10 fois moins cher si vous faites pousser de la menthe sur votre balcon. Et si vous habitez à la campagne, un potager remplacera avantageusement votre gazon.

Bien entendu, n’acheter que des produits de base signifie que vous passerez plus de temps à cuisiner. Mais remplacer 20 minutes de travail par 20 minutes de cuisine, après tout, peut-être n’y perdrez vous pas au change ? De même, comme les produits sont frais, il faudra faire les courses moins, mais plus souvent. Mais si vous les faites à vélo au marché, et plus en grande surface, vous transformerez une source de stress en plaisir.

Une alimentation bien pensée est source de plaisir et de santé, alors si ça vous coûte moins cher, pourquoi s’en priver ?

Les loisirs : simple is beautiful

La part des loisirs augmente dans le budget des ménages. Nous vivons une vie de plus en plus stressante. Résultat : de plus en plus besoin de se distraire, de se libérer la tête, et 3h30 de télé par jour en moyenne ! Vous voulez faire des économies : limitez au maximum les loisirs qui coûtent, et remplacez les par des loisirs « pratiques et productifs ».

Un abonnement à la médiathèque remplacera avantageusement vos achats de livres et de cd. Le bricolage vous permettra d’entretenir votre intérieur et d’être plus autonome en économisant le salaire d’un professionnel. Soyez marmiton, cuisinez en famille, et terminez vos soirées attablés autour d’un jeu de société, plutôt que devant la télé.

Vous voulez partir en vacances ? Évadez vous en train chez de la famille, au lieu d’aller en avion au Maroc ou en Australie.

Et surtout, surtout, banissez le lèche-vitrine, l’achat non comme un moyen mais comme un fin. Votre porte monnaie vous dira merci.

La communication : ou comment retrouver l’art de la retrouvaille

Les portables, c’est bien, c’est pratique, ça permet de parler à qui on veut quand on veut. Ça permet de ne pas se prendre la tête à se donner des rendez-vous. Allo ! T’es où ?

Sauf qu’un portable qui sonne au milieu d’une séance de ciné, ou quand un inconnu me raconte sa vie en beuglant dans le tram, ou quand je vois des couples qui marchent côte à côte chacun parlant dans son mobile, ben ça m’énerve, na !

Alors, quand on voit le prix des communications, ça vaut peut-être la peine de le bazarder pour se remettre à envoyer des lettres ou des cartes postales, non ? Vous dites qu’il est impossible de s’en passer ? Pendant des millions d’années, on y a bien réussi…

Quelques conseils d’ordre général

Pour ne pas dépenser bêtement son argent, paradoxalement, il vaut mieux dépenser plus, mais miser sur la qualité, que d’acheter de la gnognotte au prix le plus bas. Des produits de mauvaise qualité doivent souvent être remplacés, et il est rarement possible de les réparer. À long terme, à force de vouloir réaliser des économies de bouts de chandelles, vous dépenserez beaucoup plus.

Tâchez d’être le plus autonome possible. Soyez un adepte du « faites le vous même », qu’il s’agisse de cuisine ou de plomberie. Faire appel à un professionnel coûte cher. Pourtant, il est vituellement possible de tout faire soi même, cuisine, jardinage, bricolage. Bien entendu, il n’est pas forcément possible, ni même souhaitable de vivre en autarcie complète. Mais souvenez vous que autonomie = économies.

Enfin, évitez le gaspillage. De trés bons conseils sur le site de l’ADEME, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.

Il existe bien d’autres moyens de vivre mieux en dépensant moins. Si vous avez de bonnes idées, laissez moi un petit commentaire. Sur ce, je vous laisse, je vais aller… glander :)

  1. ou pas, c’est selon []
  2. source : automobile club []
  3. source : Marcel Robert, pour en finir avec la société de l’automobile []

Comment convaincre votre patron de vous laisser prendre des pauses ?

Si vous avez lu les deux derniers articles sur les problèmes de santé liés à l’ordinateur et sur l’art de la pause café, j’espère que vous êtes maintenant convaincu des bénéfices des pauses au travail.

Pourtant, dans certaines entreprises aux méthodes de gestion des RH un peu, disons… old school, les managers ne voient pas d’un trés bon oeil que les employés prennent trop de pauses. Pour eux, pause = perte de temps = perte d’argent = pas glop ! (cet exemple démontre bien à quel point le processus de réflexion d’un manager peut être primaire, parfois…).

Voici donc quelques arguments pour convaincre votre patron que lui aussi y gagne si vous prenez des pauses.

La pause café ? Tout le monde y gagne !

  1. Ses employés travailleront mieux : Un employé qui ne prend pas de pause voit sa concentration et sa capacité de réflexion décroître au fil des heures. En revanche, prendre des pauses permet de rester frais et dispos, et d’être au maximum de ses capactités intellectuelles quasiment toute la journée.
  2. Ses employés travailleront plus longtemps : Un employé qui ne prend pas de pauses a l’impression que la journée dure des siècles. Sans interruptions régulières, le temps semble trés long. Du coup, dés 17h, l’employé n’a qu’une envie : tout plaquer pour rentrer chez lui se reposer.

    En revanche, le fait de s’arrêter régulièrement rythme la journée, et le temps passe plus vite. L’employé trouve alors moins pénible de rester plus tard au bureau pour finir ce qu’il a à faire.

  3. Ses employés seront plus heureux : Pour un employé qui ne prend pas de pause, une journée de travail est tout ce qu’il y a de plus barbant et monotone. Le pauvre travailleur se lève le matin la mort dans l’âme, déprimé à l’idée de la morne journée qui l’attend, et il se couche le soir, désespéré de savoir que le schéma se répétera le lendemain, et le jour d’après, et celui d’après, etc.

    Par contre, si l’employé peut prendre des pauses, il se lèvera de bonne grâce le matin, et sera naturellement d’humeur guillerette en évoquant les agréables moments qu’il pourra passer à se détendre avec ses collègues, à discuter de tout et de rien en sirotant un excellent café payé par la direction, et à effectuer quelques étirements simples pour assouplir son corps. Il sera également enchanté de penser qu’il rentrera chez lui le soir en pleine forme, encore capable d’avoir une vraie vie de famille.

  4. Ses employés seront plus créatifs : C’est un corollaire du point précédent. Des études ont démontré que la bonne humeur a une influence trés importante sur la créativité1. Un état mental positif provoque une ouverture d’esprit, porte d’entrée à des associations d’idées originales.

    Des employés créatifs sont d’un bénéfice inéstimable pour une entreprise. Ce sont des employés qui ont des idées, et prennent des initiatives.

  5. Ses employés coûteront moins cher : De plus en plus d’accidents du travail sont liés aux troubles musculosquelettiques. Or ces problème peuvent en grande partie être évités par l’utilisation de positions de travail ergonomique, et par la prise de pauses régulières.

    Un employé qui prend des pauses est un employé qui s’absente moins, et qui contribue à reboucher le trou de la sécu.

  6. Ses employés seront mieux coordonnés : Des employés qui prennent leurs pauses en même temps discutent ensembles, apprennent à mieux se connaître, ce qui contribue à détendre l’atmosphère, et à créer un climat de confiance. Lorsque ces mêmes employés doivent travailler en équipe, ils sont plus efficaces, et c’est encore l’entreprise qui en bénéficie.

Si avec tout ça, votre patron n’est pas convaincu, et bien, peut-être faudrait-il changer de boulot ? Ou mieux encore, remplacez le ;)

  1. Isen, 1987 []

Rangez votre temps

Avez vous déjà eu l’impression que le temps passait trop vite ? Que les heures filaient à une vitesse incroyable, et que vous n’aviez jamais le temps de faire tout ce que vous auriez voulu ? N’avez vous jamais rêvé de pouvoir rallonger vos journées pour y caser deux heures de sommeil en plus, ou pour enfin trouver le temps de vous inscrire à votre club de fitness ? N’y a-t-il pas des tâches que vous vous promettez de réaliser depuis des lustres, et qui ont sombré dans un coin poussiéreux de votre conscience, assorties d’une étiquette « A faire » jaunie ?

Si, comme l’immense majorité de la population, vous avez répondu « oui » à l’une de ces questions, c’est que vous avez sans doute un problème d’organisation temporelle. Pour de nombreuses personnes, le temps est un adversaire implacable, comme un rouleau compresseur qui nous forcerait à courir du lever au coucher sans nous laisser une seconde de répis, transformant chaque minute en course contre la montre.

La plupart des gens n’ont même pas conscience de ce problème. Pour eux, il est normal d’être toujours pressé, d’avoir toujours à courir à gauche et à droite sans s’arrêter. Après tout, nous vivons dans la société de l’information et de la communication., un monde moderne ou il faut en faire toujours plus pour survivre. Pour ces gens là, seuls les fainéants, les oisifs et les parasites ont le droit de se reposer et de se détendre. Pas une minute, il n’imaginent qu’ils pourraient trés bien faire tout ce qu’ils font aujourd’hui, mais en moins de temps.

Ranger son temps comme sa chambre

Le temps est comme l’espace, il est tout à fait possible de l’optimiser, seulement, rares sont ceux qui en ont conscience. Prenons l’exemple de votre habitation : normalement, vous avez organisé un minimum votre espace, non ? Vous avez collé les meubles au mur, les vêtements sont rangés dans un placard, et selon votre niveau d’organisation, vous avez défini une place pour chaque chose, et chaque chose a sa place. Ainsi, vous pouvez circuler de la cuisine au salon sans avoir à contourner le lit, et il ne vous viendrait pas à l’idée de placer votre télé dans la salle bain, si ?

iMac
Creative Commons License Crédit photo : ºDaines

Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, il m’arrive souvent de constater que mon chez-moi n’est pas aussi ordonné qu’il le devrait. Lorsque j’utilise quelque chose, je ne le remets pas forcément à sa place, et au fil des jours, petit à petit, le bazar s’installe sournoisement pour entraver ma circulation. A certaines périodes, le désordre est tel qu’il me faut nager plus que marcher pour passer d’une pièce à une autre.

Et qu’est-ce qu’on fait, quand le désordre devient trop insupportable ? Et bien on range, ma bonne dame ! On ramasse tout ce qui traîne, et on le remets à sa place. Ainsi, on rétablit la circulation, et on évite les risques d’accidents par asphyxie.

La plupart des gens, quand ils réalisent que le désordre devient intenable, pensent « Il faudrait que je range », et pas « Bigre ! Je n’ai pas assez de place ». Et pourtant, quand il s’agit de temps, ils font exactement le contraire « Fichtre ! Je n’ai pas assez de temps » au lieu de « Bon ! Il faut que je m’organise ». Etrange, non ?

Organisations spatiale et temporelle

A présent, nous allons si vous le voulez bien tenter une petite expérimentation (d’ailleurs, même si vous ne voulez pas, ce sera pareil). Nous allons examiner quelles sont les règles de bon sens qui s’appliquent en matière d’organisation spatiale. Ensuite, nous étudierons de quelles manières ces principes peuvent s’appliquer à l’organisation temporelle. Puisque ranger les choses peut faire gagner de la place, peut-être que ranger ses heures peut faire gagner du temps ?

Le plus encombrant d’abord

Vous rappelez-vous votre dernier déménagement ? Que vous ayez fait appel à des professionnels ou tout fait vous même, vous avez bien eu à décider comment seraient disposés toutes vos affaires dans votre nouvelle habitation, non ?

Dans quel ordre avez vous procédé ? Est-ce que vous avez commencé par ouvrir votre carton « spécial babioles » pour disposer tous vos menus objets à même le sol ? Ce serait un peu bête, ou auriez vous mis vos meubles ? En fait, je pense que comme tout le monde, vous avez commencé par décider d’où placer l’armoire, puis le lit, la bibliothèque, le canapé, la table, le buffet, etc. Ensuite, vous avez placé les chaises et tous les autres éléments moins volumineux. Enfin, vous avez fini par disposer vos objets de décoration un peu partout sur vos meubles fraîchement installés.

Dans le domaine de l’organisation spatiale, il faut toujours procéder dans l’ordre, en commençant par le plus encombrant, avant de disposer ce qui prend le moins de place. Les éléments les plus gros sont souvent fixes, et servent d’articulation pour votre espace. Ils servent de soutien et de support aux menus objets qui gravitent autour. Si vous procédez de la manière inverse, vous risquez de gâcher de l’espace et de ne pas pouvoir ranger tous vos objets encombrants.

Ce principe s’applique parfaitement en organisation temporelle. Dans une journée, vous devez articuler les tâches qui vous prennent le moins de temps autour de celles qui accaparent la plus grande partie de votre journée.

La plupart des gens disposent de deux ou trois activités principales qui consomment la majorité de leur temps. Pour ma part, par exemple, sur les 24 heures que dure une journée, j’avoue en passer un nombre conséquent à dormir, puis à occuper un emploi, puis à me nourrir, me laver, me déplacer, etc. Quand je dois organiser mon emploi du temps, à votre avis, par quoi je commence ? Par prévoir l’heure de mes déplacements, ou par examiner mes horaires de travail ?

Evidemment, à ce niveau, cela relève de l’évidence. Mais examinons l’exemple suivant. Ecrire un billet pour ce blog me demande un certain temps, voire même un temps certain. Comme je m’impose de publier de nouveaux articles régulièrement, il faut donc que je dégage de longues plages horaires chaque semaine pour écrire.

Supposons que j’aie l’immense courage de me lever une heure plus tôt le matin pour écrire un article en retard. Lorsque j’allume mon ordinateur, j’ai le réflexe de vérifier mes emails, puis d’envoyer quelques réponses, ensuite je vais lire d’autres blogs pendants quelques minutes, avant de vérifier les statistiques de mon site. Enfin, je commence à écrire. Sauf que oh ! Stupeur ! Mon heure libre s’est déjà écoulée, et mon article n’est toujours pas écrit.

Si j’avais commencé par le plus important, rédiger mon billet, avant de me laisser aller à effectuer des tâches moins importantes, peut-être n’aurais-je pas eu le temps de lire complètement mes emails, mais peu importe. J’aurais facilement pu dégager un créneau de 30 secondes ailleurs dans ma journée pour lire quelques messages. Tandis que maintenant, je me retrouve condamné à devoir me relever tôt le lendemain. Finalement, rien qu’en définissant correctement mes priorités, j’aurais pu gagner une heure. Pas mal, non ?

Objets similaires au même endroit

En règle générale, nous avons tendance à regrouper les éléments similaires. Chez moi, par exemple, tous mes livres sont dans la bibliothèque (si l’on fait abstraction de ceux qui traînent par terre), et toute la vaisselle se trouve dans un placard de la cuisine (si l’on oublie de considérer celle qui attend d’être nettoyée).

J’avoue qu’il ne me viendrait jamais à l’idée d’intercaler un roman de science fiction au milieu d’une pile d’assiette, ni de coincer une fourchette entre deux livres de cuisine. L’avantage de ce système de classement est tellement évident que je me demande même pourquoi je prends la peine de l’écrire : quand je cherche une poêle à frire, je sais tout de suite que je n’ai pas besoin de regarder dans la bibliothèque.

Appliquer ce principe à l’organisation temporelle consiste à regrouper les tâches similaires au même moment. Par exemple, supposons que je doive faire la vaisselle, et écrire un article pour ce blog. Je ne vais pas m’amuser à rédiger un paragraphe, aller jusqu’à l’évier pour laver une cuillère et trois assiettes, avant de revenir à mon clavier pour changer trois virgules, etc.

Si je dois me déplacer en centre ville pour acheter une carte postale pour un anniversaire, je vais rentabiliser mon temps de trajet en en profitant pour faire quelques courses, passer récupérer les photos qui étaient à développer, porter ma montre à réparer, et que sais-je encore ?

A chaque fois que vous passez d’une tâche à une autre, vous perdez du temps, que ce soit en déplacement, ou en temps de concentration. Lorsque j’écris pour mon blog, je m’interdis de consulter ma messagerie toutes les trois minutes, et de vérifier les mises à jours de mes flux RSS. Car si je le faisais, il me faudrait à chaque fois plusieurs minutes pour me reconcentrer totalement sur mon article, d’où une perte de temps considérable.

Au lieu de voleter de tâche en tâche, astreignez vous à vous concentrer sur un seul travail à la fois. Ce peut-être tentant de s’interrompre sans arrêt, mais au bout du compte, vous allez perdre énormément de temps. Apprenez-donc à gérer les interruptions.

Rangez régulièrement

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J’imagine que chez vous, vous avez plus ou moins défini une place pour chaque chose, et que vous ne vous amusez pas à déplacer vos meubles chaque semaine. La table va dans la cuisine, l’ordinateur sur le bureau, le tableau sur le mur, et le vase offert par votre grand-mère trône sur je ne sais quelle étagère.

Lorsque vous décidez d’acquérir un nouvel objet, que ce soit un meuble ou une simple babiole décorative, vous allez devoir lui trouver une place. Peut-être vous faudra-t-il réorganiser quelque peu votre espace en libérant une place pour placer votre nouvelle acquisition. Eventuellement, vous allez devoir jeter ou donner un vieux truc qui ne sert plus et prends de la place inutilement (votre télé, par exemple).

Il est curieux de constater que nous n’aimons pas vivre dans des environnements trop dépouillés. J’ai connu des gens qui avaient déjà déménagé parce qu’ils se trouvaient trop à l’étroit chez eux. Or, la première chose qu’ils ont fait une fois installé dans leur nouvelle demeure, c’est acheter de nouveaux meubles pour remplir la place libre. Au bout du compte, même en habitant un lieu plus grand, ils n’ont obtenu aucun gain de place.

Peut-être savez vous que la nature n’aime pas le vide, et tend naturellement à le remplir, pour aboutir à un équilibre. Je vous épargnerai les considérations scientifiques, mais sachez en tout cas que ce phénomène semble également se produire à l’échelle humaine :) . Lorsque nous voyons du vide autour de nous, nous avons tendance à le combler avec de nouveaux objets, ou bien du désordre. J’ai pour ma part remarqué que plus mon habitat était propre et ordonné, plus j’avais tendance à laisser traîner mes chausettes sales par terre.

Le problème est que lorsque vous désirez disposer d’un espace libre pour ranger un nouvel objet, vous réalisez que vous êtes à court de place. La solution est simple, il suffit de rétablir l’ordre en rangeant le bazar ambiant, libérant ainsi de l’espace à combler.

Ce principe s’applique également au temps. Quelque soit l’épaisseur de votre agenda, vous constaterez toujours que votre journée est remplie. En général, nous n’aimons pas rester sans rien faire. Ainsi, si vous disposez d’une heure de libre dans votre journée, vous la remplirez avec je ne sais quelle activité, que ce soit un loisir ou du travail supplémentaire.

Maintenant, si vous voulez disposer d’un certain temps d’une certaine façon, par exemple en vous inscrivant dans un club de sport, en créant votre entreprise à temps partiel, en pratiquant des activités avec vos enfants, ou que sais-je encore, vous allez devoir libérer des créneaux de votre agenda.

Pour ce faire, il vous faudra identifier quelles sont vos tâches importantes et prioritaires, celles qui ont leur place dans votre agenda, et celles qui se sont greffées au fur et à mesure pour remplir votre temps libre. Ce sont ces tâches que vous pourrez escamoter sans trop de remords, pour insérer quelque chose d’important à la place.

Mesurer avant d’acheter

Décider d’acheter une nouvelle armoire, ou une table, ou n’importe quel élément encombrant ne se fait pas à la légère. Si ça ne vous est pas arrivé à vous même, peut-être connaissez vous quelqu’un qui fit l’acquisition d’un encombrant avant même d’avoir vérifié qu’il pourrait le mettre quelque part. Ce doit être particulièrement rageant, une fois rentré chez soi, de constater que la nouvelle étagère en kit ne rentre pas entre le buffet et le coin du mur.

Et que fait-on, éviter ce genre de mesaventure ? On mesure, bravo (ça fait plaisir, yen a qui suivent). En général, on commence par vérifier que l’on dispose d’assez de place pour faire rentrer un nouveau meuble avant de l’acheter. Pas besoin d’être Einstein pour comprendre que si j’ai un mur de 5m, et un placard qui prend déjà 4m, ce n’est pas la peine d’espérer y caser une armoire de 3,5m.

Pour le temps, c’est la même chose. Beaucoup de personnes se lancent dans de nouvelles activités sans réfléchir, et se retrouvent dans une position difficile, obligées de courir pour tenir leurs engagements, arrivant sans cesse en retard partout où elles vont. Ces personnes ont oubliées de vérifier que leur nouveau projet pouvait s’insérer dans leur emploi du temps, et qu’elles disposaient d’assez de temps libre.

Pour ne pas vous retrouver dans la même position, gardez à l’esprit que le temps pas plus que l’espace n’est extensible à l’infini. Comme le disait Aristote1 : « Quand yen a plus, yen a plus ». Si votre emploi du temps est plein à craquer, vous devez accepter de refuser une nouvelle activité chronophage, aussi intéressante soit-elle.

Vous n’auriez pas l’idée d’acheter un nouveau lit géant pour le placer dans votre F2 en vous disant « je trouverai bien ou le mettre », n’est-ce pas ? Et pourtant, nombreux sont ceux qui formulent des projets faramineux en pensant « je m’organiserai bien », alors même que la liste de leurs tâches en retard s’allonge démesurément.

Apprenez également à prendre la mesure réelle du temps. Si vous disposez d’une heure de temps libre le midi, cela ne signifie pas forcément que vous puissiez y caser une activité d’une heure. N’oubliez pas de compter le temps de transport, de préparation, etc.

Pour finir

Il est amusant de remarquer à quel point des règles simples du pur bon sens en matière d’organisation spatiale sont tout simplement ignorées quand il s’agit d’organisation temporelle. Maintenant que vous avez conscience du phénomène, vous allez sûrement gérer votre temps plus efficacement.

  1. A moins que ce ne soit Socrate []

Gérer les interruptions : la méthode ADRA

Il m’est arrivé de travailler dans une trés petite entreprise en temps que technicien en informatique. Pour survivre, une entreprise de cette taille doit constamment traiter plusieurs devis à la fois, et par un corollaire surprenant à la loi de Murphy1, il est fréquent de constater que les échéances des devis tombent souvent au même moment, entraînant ce qu’on appelle dans un jargon technique d’initiés des « charettes« .

Dans ce genre de situations, il faut en général jongler entre les différents projets, ce qui fait qu’il est difficile de se concentrer pleinement sur une tâche bien précise.

Avez vous déjà remarqué à quel point l’imprévu, les interruptions continuelles et les projets de dernières minutes sont chronophages2 ? N’est-il pas rageant, alors que vous êtes concentré à effectuer un travail important, de voir s’intercaler une « tâche urgente à faire en priorité », qui va vous distraire, vous déconcentrer, et vous faire perdre votre temps ? N’aimeriez vous pas pouvoir terminer d’un bloc ce que vous avez à faire, sans avoir à jongler sur 15 projets à la fois, tous plus prioritaires les uns que les autres ?

Si vous avez répondu « oui » à l’une de ces questions, alors la méthode ADRA, pour Abandonner, Déléguer, Reporter ou Agir est pour vous. La méthode ADRA est un outil qui vous permettra de gérer les interruptions en vous aidant à déterminer facilement et rapidement quelles sont les tâches prioritaires que vous devez effectuer impérativement, et celles que vous pouvez mettre de côté.

ADRA est en fait un arbre de décision, c’est à dire un ensemble ordonné de questions qui vous conduira immanquablement à un résultat. Cet arbre doit être appliqué à chaque tâche parasite qui vient interrompre votre travail. Voici les questions que vous devrez vous poser :

Abandonner

Lorsqu’une nouvelle tâche vient à votre connaissance, la première question à vous poser est « Cette tâche doit-elle être impérativement réalisée ? ». Si la réponse est négative, c’est à dire que vous n’avez pas vraiment besoin d’effectuer ce travail, alors vous n’avez tout simplement qu’à le laisser tomber. Oubliez-le, envoyez-le dans les oubliettes de votre mémoire, et tirez un trait dessus de façon définitive. Attention, il ne s’agit pas de reporter le travail à plus tard. Il s’agit bien de l’oublier purement et simplement. Plus jamais vous n’y repenserez, que ce soit dans une minute ou dans un an.

Cette étape est la plus importante, car c’est celle qui vous fera gagner le plus de temps. Supposons qu’une nouvelle besogne vous tombe dessus de manière impromptue, et que vous sachiez qu’il vous faille au moins 4 heures pour l’abattre. En la laissant purement et simplement tomber, vous gagnerez tout bonnement… 4 heures, et vous vous épargnerez dans doutes beaucoup d’efforts.

Le coeur de cette branche de l’arbre, c’est de déterminer si la tâche doit être effectuée ou pas, et ce n’est pas si facile. Pour répondre à cette question, il vous faudra tout de mêmes quelques instants de réflexion, car la solution n’est pas forcément triviale.

Si vous avez du mal à vous décider, je vous conseille de vous poser la question suivante : « Pourquoi dois-je réaliser ceci ? Si le travail est fait, quels seront les bénéfices réels, et sinon, quelles seront les conséquences à court, moyen et long terme ? ». En comparant les conséquences de votre inaction avec les bénéfices que vous pourriez tirer de l’action, vous découvrirez souvant que le jeu n’en vaut pas la chandelle, et que vous avez mieux à faire.

Déléguer

Si la tâche à réaliser est essentielle, et ne peut être abandonnée sans conséquences, alors il faut vous demander si vous ne pouvez la déléguer. Faire faire le travail par quelqu’un d’autre est également une excellente façon de gagner du temps, tout en sachant que le travail sera fait. Là encore, il faut prendre certains éléments en considération avant de déléguer.

Tout d’abord, vous devez vous demander si la tâche en question peut effectivement être déléguée. Un examen d’urine ou une prise de sang sont des exemples typiques de corvées que vous ne pouvez pas déléguer.

Ensuite, assurez vous que vous avez effectivement quelqu’un à qui faire faire le sale boulot. Si vous êtes manager, ou chef d’entreprise, vous avez des employés sous votre responsabilité, qui accepteront de faire ce que vous leur demanderez. Si vous êtes parents, et que le travail à effectuer concerne la vie de famille, faites le faire par vos enfants, au lieu de les laisser avachis devant la télé à regarder des âneries.

Quoi qu’il en soit, assurez vous que la personne choisie détient les compétences et le temps nécessaire pour faire le boulot. Cela dit, la gestion du temps deviendra son problème (niark niark).

Enfin, vous devrez déterminer quels seront les efforts que vous devrez déployer pour vous assurer que le travail est fait. Déléguer, c’est savoir accepter de s’en remettre à autrui, mais cela implique un travail de vérification plus ou moins poussé. Si vous pensez que déléguer vous coûtera plus d’efforts que de faire le travail vous même, ne déléguez pas.

Reporter

Vous savez que votre tâche ne peut-être abandonnée, ni déléguée. Vous devrez donc la réaliser vous même. La prochaine question à se poser est la suivante : « Cette tâche doit-elle être effectuée maintenant ? Si je la remets à plus tard, quelles seront les conséquences ? Jusqu’à quand puis-je reporter ce travail ? ». En fait, cette étape va vous servir à ordonnancer au mieux les différentes tâches que vous devez réaliser, en écartant celles qui vous embêtent pour les remettre à plus tard.

Sachez que chaque fois que vous passez d’une besogne à une autre, il vous faut quelques minutes pour vous reconcentrer, entraînant une perte de temps dramatique. L’intérêt du report est d’optimiser l’ordonnancement des tâches pour les effectuer les unes après les autres, au lieu de toutes les mélanger.

Si vous décidez de reporter, faites attention à ne pas sombrer dans la procrastination, car vous prenez le risque de voir le labeur en retard s’accumuler et de réaliser à la dernière minute qu’il vous reste une tonne de travail non fait. Reporter oui, mais reporter intelligemment.

« Facile à dire ! », me direz vous, « mais comment reporter intelligemment ? ». La meilleure pratique, je pense, est de vous fixer une limite temporelle fixe et immuable. Ainsi, si une interruption vous tombe dessus alors que vous travaillez à autre chose, ne vous contentez pas de dire « Bon, je verrai ça plus tard », mais prenez quelques secondes pour décider exactement à quel moment vous allez vous y atteler. Vous pouvez par exemple décider de terminer votre travail en cours, ou définir une heure fixe dans la journée.

En vous fixant une échéance fixe, vous définissez une barrière de sécurité, qui vous permettra d’éviter la procrastination. Comment croyez vous que je fais, pour écrire deux billets par semaine sur ce blog ? Avez vous vu le compte à rebours avant le prochain billet ? En fait, au moment ou j’écris, il reste 30 minutes avant le prochain billet :( . Cette échéance m’a forcé à me lever une heure plus tôt (et dieu sait que j’aurais préféré dormir) pour terminer ce billet en temps et en heure.

L’important, c’est de connaître les conséquences de vos choix. Si vous décidez de prendre en compte l’interruption, vous allez forcément reporter votre travail en cours. Des deux tâches, laquelle souffrira moins le retard ?

Agir

Enfin, si vous êtes arrivé à ce noeud de l’arbre, c’est que votre tâche ne peut être abandonnée, ni déléguée, ni reportée. Quelles sont les options restantes ? Et bien, les choix sont pour le moins réduits : au boulot !

Pour conclure

Ce petit arbre de décision tout simple peut-être un outil précieux si vous avez parfois du mal à gérer vos interruptions. Bien des fois, vous constaterez qu’il vous fera gagner un temps précieux, et vous gagnerez en productivité.

  1. La loi de Murphy sur Wikipédia []
  2. chronophage : qui mange du temps []